La Cour d’assises : une juridiction séculaire et atypique en perpétuelle quête de rénovation. Indubitablement, la Révolution française demeurera l’événement majeur de l’histoire des institutions françaises. Par le renoncement à la société d’Ancien Régime, les nouveaux constituants bouleversèrent durablement la vision de la société, l’identité et les grands principes des institutions. Dans ce contexte de profondes mutations, on assista à l’émergence d’une « autre Justice », un service public construit sur des assises modernes et durables. Ainsi, en matière criminelle, la loi des 16 et 21 septembre 1791 institua une juridiction singulière, le tribunal criminel départemental – qui deviendra quelques années plus tard la Cour d’assises –. Cette institution se distingua dès son origine par sa composition mixte associant magistrats professionnels et citoyens tirés au sort. Près de 250 ans après son adoption, cette juridiction criminelle perdure dans le paysage institutionnel. De la sorte, on peut s’interroger sur les raisons de la longévité d’une institution trop souvent envisagée à travers le prisme de la Révolution. Le but de cette thèse était donc d’étudier les dynamiques qui présidèrent à l’évolution de celle-ci. Car, au fil de son existence, la Cour d’assises a sensiblement évolué, dans sa composition et dans son fonctionnement jusqu’à y voir l’abandon de la figure révolutionnaire et la dénaturation de l’institution originelle. La première partie de ce travail est consacrée au particularisme structurel de la Cour d’assises, sa composition mixte. Car associer des techniciens du droit à des citoyens néophytes a toujours été un choix controversé. Dans un premier titre, l’institution populaire est envisagée sous l’angle historique et sous la question de la légitimité. Il s’agit alors de comprendre non seulement les raisons qui gouvernèrent l’adoption d’une telle forme de justice, mais également celles qui expliquent sa préservation. Dans un second titre, le propos se concentre sur l’identité des juges professionnels et populaires appelés à composer les Cours d’assises.La seconde partie de cette thèse a trait au fonctionnement de la juridiction criminelle. Longtemps sa composition mixte commanda un fonctionnement particulier, distinct de celui des autres juridictions pénales. Pourtant, il est notable que des réformes successives ont imposé une certaine rupture avec la vision révolutionnaire suscitant ainsi des mutations profondes de la procédure de jugement criminel. Dans un premier titre, on envisage la procédure criminelle sous l’angle des acteurs du procès criminel, dans la gestion des débats. Aussi est-il encore nécessaire de s’interroger sur l’efficacité actuelle de la discussion criminelle. Dans un second titre, c’est la phase décisoire du procès criminel, récemment sujet de réformes d’ampleur, qui est examinée. Le travail de recherche a donc porté sur les réformes successives qui ont affecté la juridiction d’assises.Celle-ci, bien qu’ancienne et toujours attachée à son histoire, est une institution en perpétuel renouvellement.